Stan Van den Buys, l'ancien adjoint de Preud'homme: "Michel et Emilio, c’est le bon flic et le mauvais flic"
Ancien adjoint de MPH, Stan Van den Buys explique pourquoi le duo Preud’homme-Ferrera est si complémentaire.
- Publié le 22-02-2019 à 13h29
- Mis à jour le 22-02-2019 à 16h13
Ancien adjoint de MPH, Stan Van den Buys explique pourquoi le duo Preud’homme-Ferrera est si complémentaire. Michel Preud’homme et Emilio Ferrera, voilà le duo qui a pris les rennes sportives du Standard il y a quelques mois. Avec des résultats déjà remarquables, puisqu’avant son déplacement à La Gantoise, ce vendredi, le club liégeois est quasiment assuré de participer aux PO1.
Mais comment cette doublette travaille-t-elle au quotidien ? Pourquoi est-elle si complémentaire ? Quels sont ses qualités principales et ses éventuels défauts ? Pour répondre à ces questions, difficile de trouver quelqu’un de mieux placé que Stan Van den Buys, qui a été adjoint de MPH au Standard (2007-2008), à Gand (2008-2010), à Bruges (2013-2017) mais aussi à Al-Shabab (2012-2013), où il a eu l’occasion de côtoyer Emilio Ferrera.
"Et l’aventure ne s’était pas forcément bien terminée", se souvient l’ancien défenseur, passé par le Lierse, le RWDM ou encore Malines. "Michel et Emilio étaient un peu en froid. C’est pourquoi j’ai été surpris que ce duo travaille à nouveau ensemble. Mais Michel m’a expliqué avoir eu une discussion d’une heure avec Emilio pour mettre les choses à plat et s’excuser. Puis c’était oublié."
Ce qui a permis à la paire de se reformer. "Ils se ressemblent dans le sens où ce sont deux perfectionnistes", continue Van den Buys. "Michel est quelqu’un qui demande énormément. Pas seulement à ses joueurs, mais à tous les étages du club. Il le dit d’ailleurs avant de signer. Quand il a un projet en tête, c’est bien simple : soit tu le suis, soit tu t’en vas. Je me rappelle par exemple qu’à Bruges, nous avions un team manager qui n’était pas présent quand nous nous entraînions le dimanche. Il restait avec ses enfants. Michel lui a dit que ce n’était pas possible et une autre fonction lui a été donnée au sein du club. Quant à Emilio, c’est la même chose. Il est très exigeant. Mais surtout tactiquement. Il veut toujours faire des entraînements tactiques ( sourire ). Parfois, les joueurs ont envie de faire un petit match pour s’amuser, juste pour le plaisir. Mais Emilio veut toujours y voir de la tactique, il adore ça."
À l’instar d’un coach qu’il apprécie énormément : Diego Simeone. "Comme Manu (Ferrera), Emilio est un grand fan de l’Atlético. Quand il doit projeter une vidéo aux joueurs, ce sont toujours avec des images de l’Atlético, tant pour les règles offensives que défensives."
Réputé pour son caractère plus froid, Emilio Ferrera n’en reste pas moins un complément idéal à MPH. "Il a un caractère tout à fait différent de celui de Michel. Emilio le dit lui-même : ce n’est pas quelqu’un de social. Il n’est pas là pour se faire des amis pour bien faire son job. Il va toujours aller chercher ce qui ne va pas chez les joueurs, pour tirer le meilleur d’eux."
Alors que Preud’homme, lui, agit différemment. "Emilio est un peu le mauvais flic, là où Michel est le bon flic. Parfois, il dit à Emilio de laisser un joueur un peu tranquille avec la tactique (sourire). Michel est très aimable avec ses joueurs. Il leur demande beaucoup mais il est proche d’eux, il discute avec eux. Avec l’expérience des années et les certitudes qu’il a sur sa méthode de travail, qui a fait ses preuves, Michel est plus calme qu’avant. Je pense que c’est aussi pour ça que le duo fonctionne."
Même si les débuts ont été un peu compliqués. "Comme à Gand ou à Bruges, il a fallu un peu de temps pour que tout le monde suive Michel. C’est normal, les joueurs doivent emmagasiner de nombreuses consignes. Et avec les nombreux matchs que le Standard a joués durant la première partie de saison, c’était parfois compliqué d’apprendre certaines choses. En début de saison, je suis passé à l’Académie et Michel était un peu énervé. Il disait que les joueurs ne le comprenaient pas. Mais ça a été partout pareil. Et la sauce a fini par prendre, pour parvenir à des résultats."
Et c’est ce qui se passe en ce moment au Standard. "Je pense que le stage hivernal a fait beaucoup de bien car cela a permis au staff de travailler en profondeur la manière de jouer et de répéter les règles offensives et défensives. On sent qu’ils sont sur la bonne voie."
Celle du titre, dès cette saison ? "Cela me paraît compliqué car il manque un vrai attaquant au Standard. J’adore Renaud Emond mais il est très seul, vu les absences de Sa et Oularé. Avec un joueur comme Samatta ou Wesley dans son effectif, le Standard jouerait pour être champion. Mais je pense que ce sera le cas la saison prochaine."
Avec le duo MPH-Emilio Ferrera toujours aux commandes ? "Évidemment."
"Louwagie a fait un coup derrière le dos de MPH"
Van den Buys a passé deux ans à Gand en compagnie de Michel Preud’homme.
Un Gand-Standard reste un match particulier pour Stan Van den Buys. En tant qu’adjoint de Michel Preud’homme, il a remporté le titre avec les Rouches en 2008 (après 25 ans d’attente) avant de rejoindre les Buffalos la saison suivante. "On avait presque un accord pour prolonger au Standard mais Lucien D’Onofrio ne voulait pas offrir un contrat supérieur à un an. Michel a toujours été un homme de principe donc nous sommes partis à Gand, où le projet proposé par Ivan De Witte était alléchant."
Car à l’époque, La Gantoise n’était pas le club que nous connaissons aujourd’hui. "L’objectif était de se faire respecter en tant que club du top, ce qui n’était pas le cas. Il y avait le projet du stade. On a senti qu’il y avait beaucoup de possibilités, là-bas."
Mais après deux saisons remplies de succès (un bon niveau de jeu, une Coupe et un titre de vice-champion), l’histoire s’est arrêtée net. "Nous devions resigner pour trois ou cinq ans et tout était en bonne voie. Le projet nous attirait. Mais Louwagie a prolongé Manu Ferrera de son côté… et Michel n’en savait rien. Il a pris cela comme un coup derrière le dos et un moyen de pression pour le faire rester. Cela a mis le souk dans les négociations et nous sommes partis à Twente."
Près de neuf ans après avoir quitté les Buffalos, quel regard Van den Buys porte-t-il sur le club gantois ? "Ils ont fait de belles choses, le stade est magnifique, ils ont été champions, ils ont joué la Ligue des champions, l’Europa League… Mais ils sont aussi la preuve que c’est difficile de rester au top. Les deux dernières saisons ont été compliquées, avec des changements d’entraîneur et des transferts loupés. Quand je vois qu’ils ont remplacé Simon et Kalu par Dompé et Stallone Limbombe… Ce n’est pas le même niveau. J’ai l’impression qu’il y a moins d’osmose qu’auparavant dans le club. Il faut savoir que ce n’est pas évident de travailler avec Ivan De Witte et Michel Louwagie. Je me souviens que Preud’homme allait manger avec Louwagie une fois par semaine pour parler des problèmes présents dans le club et les régler. Mais depuis que Michel puis Hein Vanhaezebrouck sont partis, la manière de travailler a changé."
Pourquoi Van Den Buys n’a pas suivi Michel Preud’homme au Standard
Fidèle adjoint de Michel Preud’homme, Stan Van den Buys n’a pas suivi MPH dans son deuxième défi rouche. "Tout simplement car il ne me l’a pas demandé. Après notre aventure à Bruges, j’ai pris quelques mois de repos puis je suis revenu au Lierse, pour mon fils. Ensuite, Zulte Waregem m’a contacté pour intégrer la cellule de scouting et j’ai accepté. J’aime beaucoup ce job. Michel, qui est mon ami, savait donc que ce n’était pas la peine de me demander de venir avec lui au Standard. Il m’a dit qu’il était content que je fasse quelque chose qui me plaît."
Sans regret ? "Aucun. Dans une carrière, on doit prendre des décisions. J’ai travaillé durant de nombreuses années avec Michel, et pour moi il était temps de faire quelque chose d’autre. Mais ce n’est pas du tout parce que je n’aime pas Michel, il le sait. Je lui souhaite d’ailleurs le meilleur. Et s’il parvient à être à nouveau champion avec le Standard, je serai très content pour lui."